jeudi 2 décembre 2010

Germinal, ou l'enfer des mines de Potosi



Donc me voilà, oui, je sais la sieste a été longue, mais la fin de mon séjour approche et j’ai beaucoup de projets que j’ai lancé que je dois gérer maintenant et donc je ne manque pas d’occupation mais plus de sommeil.
Donc, c’est parti pour Potosi. Cela fait un petit moment que je vous en parle, que je vous annonce que ce sera ma prochaine visite. J’ai reporté au moins deux fois à cause d’autres activités mais ça y est j’y étais le we dernier… et ça valait vraiment le coup.
Qu’est ce que c’est Potosi ? C’est une ville. Mais encore ? c’est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde (aujourd’hui, 160 000 habitants). On culmine à 4080mètres… Potosi, ça veut dire « tonnerre » en Quechua.

La ville se situe au pied du montagne, le Cerro rico (rico=riche). Pourquoi rico ? parce que la montagne est truffée d’argent, d’étain et autres métaux.
Intéressant non, de l’argent… et des conquistadors ont traîné dans le coin. Est ce que vous voyez où je veux en venir ? Non ? je vous aide : la principale attraction touristique ici, c’est la mine. Ca y est, vous y êtes ? Oui ? alors un petit peu d’histoire avant que je vous raconte mon périple.

Alors, je ne sais plus où j’ai lu ça mais la montagne était déjà exploitée aux temps incas je crois (mais je ne suis vraiment pas sûre). En fait, chaque citoyen inca devait deux ans de service dans les mines à l’empereur inca. On appelle ce système « la mita ». Bon, c’est une sorte d’impôt royal pas très sympa, je vous l’accorde mais ça n’a rien de comparable au système que vont installer les espagnols. C’est en 1545 que la montagne est découverte par les espagnols et ainsi la ville de Potosi est créée. L’année suivant commence l’exploitation de la mine par des indiens et autres. Francisco de Toledo transforme le système de la mita en véritable esclavage. Les espagnols organisent un gigantesque exode de population d’origine Quechua ou Aymara. Les villes de Lima et Buenos Aires permettent le transport de l’argent vers l’Espagne. Les indiens travaillent évidemment dans des conditions d’esclavages et meurent vite. Ils vivent seulement de feuilles de coca. On estime à 6 millions le nombre d’indiens morts dans les mines. En comparaison, cela correspond au nombre de juifs exterminés dans les camps lors de la seconde guerre mondiale par les allemands (si me souvenirs de cours d'histoire sont exacts). Il y a aussi des esclaves africains (venant du commerce triangulaire…). L’argent apporté en Espagne crée une véritable inflation en Europe et va aussi, assez bizarrement être à l’origine de la ruine de l’Espagne : le pays s’endette auprès de ses voisins qui l’approvisionnent en produits manufacturés.
Petite anecdote : On pourrait faire un pont avec tout l’argent extrait de ses mines qui relierait Potosi à l’Espagne…
Autre fait intéressant : au début du XIX, la moitie de la production mondiale d’argent vient toujours de Potosi. Pourtant, à cette époque, l’argent est presque épuisé, et c’est l’étain qu’on exploite essentiellement.
Il existe une expression ici, tirée de Don Quichotte : « Vale un Potosi » = ça vaut bien un Potosi.
Potosi fut une ville très peuplée. Au XVI et XVII, si l’on inclut la population dans les mines, elle est la ville la plus peuplée au monde.
Passons maintenant à ma visite dans cette ville classée UNESCO.




De Cochabamba, il faut y aller en bus, pas le choix, et c’est à peu près 10 heures. Le problème c’est qu’en plus on n’a pas vraiment le choix pour l’horaire. Les bus partent entre 18h30 et 20h30. Je suis partie avec Carmen (18ans – australienne) et Ulrike (17ans – belge). Nous avons pris un bus donc de Cochabamba à 19h30. Voyage de nuit dans un bus pas ce qu’il y a de plus confortable, entourées de Cholitas. Des conditions pas top en gros, mais je suis tellement fatiguée que je m’endors sans souci. Arrivée à 6h du matin à Potosi… ouf on n’a pas si bien dormi que ça, on saute dans un taxi, et hop destination une auberge. La deuxième adresse est la bonne et hop, au lit pour finir la nuit. Et le remède pour l'altitude, c'est quoi ??? un maté de coca !!!

Réveil à 9h, nous sommes allées prendre un petit-déjeuner avant de réserver un tour pour aller voir la mine l’aprem même. Puis nous allons voir la casa de la moneda en face, le lieu où la monnaie était frappée. « ah oui, mais il n’y a que des visites guidées et là c’est fini pour ce matin, revenez cet aprem »… ben non on peut pas… bon bref, balade dans le centre ville pour découvrir cette ville qui a des allures assez proches de Sucre. Je vous avoue que j’ai assez mal vécu la fatigue de la nuit plus l’altitude et je suis donc rentrée faire une sieste avant la mine.
Petite blague maintenant : Nous avions rendez-vous à 13h30 pour la visite de la mine et nous étions en train de prendre notre repas. On sentait qu’on allait voir 10-15 minutes de retard, mais bon on s’est dit « c’est pas grave, bolivian time ». Quand nous sommes arrivées à l’agence, « ben non, le bus est parti »… ;ah mince, et nous qui pensions avoir assimilé la culture… ; enfin, bon, on a retrouvé le bus.
Notre première halte était pour nous équiper. La deuxième pour acheter des cadeaux aux mineurs. Oui parce que la mine est toujours exploitée. D’ailleurs des experts sont venus il y a deux ans et ont annoncé que la mine ne pouvait être exploitée plus que 10ans, car les risques d’ « effondrements » de la montagne deviendraient ensuite trop grand. Et c’est vrai, cette montagne est un vrai gruyère. Les cadeaux, ça peut être un bâton de dynamique avec une mèche et son détonateur, une bouteille de rafraîchissement, des feuilles de coca (le mineurs s’en « nourissent »), de l’alcool à 95°, parce que c’est ça qu’ils boivent etc…
Troisième halte : les entreprises qui transforment le minerai en métal. Et là j’avoue que ma curiosité de chimiste a été piquée mais non satisfaite. Parce que l’anglais de notre guide n’était pas du plus élaboré et que ces détails n’étaient pas bien techniques, genre : on mélange le minerai avec un produit chimique on obtient ça… mouais, pas bien convaincant tout ça, va falloir que je creuse un peu la question.
Quatrième halte, la mine. Ah, enfin. Et c’est là que ça se complique. Ne pas être claustrophobe. Nous sommes rentrés par le premier étage et nous sommes descendus au deuxième puis au troisième par un petit passage en pente. Je dis petit, mais c’était minuscule. J’avais un peu l’impression d’être Alice aux pays des merveilles quand elle se faufile dans le terrier du lapin. On était à 4 pattes puis sur les fesses… Au troisième étage (en dessous hein), à cause de l’activité de la Terre, il fait 30°C. La mine est constituée de 17 étages, le dernier étant à 2km sous terre… et il y fait généralement 55°C… J’avais un bandana sur le visage pour m’aider à respirer. Sauf que j’avais quand même du mal à respirer, à cause du soufre. Sur les parois de la grotte nous voyons des sels comme du sulfate de cuivre (bleu) ou de zinc (blanc). Les mineurs travaillent parfois 24 heures d’affilées, encore une fois en se nourrissant de feuilles de coca et d’alcool fort. Le travail le plus dur est celui qui consiste à pousser des chariots pleins de minerais de deux tonnes… et c’est le moins bien payé. Il est réservé aux jeunes. Le travail dans les mines est interdit avant 18ans, mais beaucoup de mineurs mentent sur leur âge. Le métier est payé selon le minerai rapporté mais c’est correct pour le pays. Par contre l’expérience de vie est de 40-45ans et il faut atteindre 60 ans pour avoir la retraite… Entre la chaleur, l’altitude et l’atmosphère difficilement respirable, on est vite fatigué, et pourtant, on ne travaille même pas… c’est vraiment très intéressant et très éducatifs… les conditions sont incroyablement dures. Il est vraiment difficile d’expliquer ce que l’on ressent en parlant au mineurs et en voyant les conditions alors je m’arrête là.
Nous sommes ensuite allés voir le tio du troisième étage. C’est le diable. Qu’ils prient pour être protégés. Par exemple, avant de boire une gorgée d’alcool, ils en versent quelques gouttes devant le tio et lui demande sa protection.
Nous ressortons  à la lumière du jour, ouf, la mine ne s’est pas écroulée sur nous et nous aurons besoin de quelques heures avant de retrouver une respiration normale.
Cinquième halte : L’explosion à la dynamite. Notre guide nous fait une démonstration. Impressionnant.

Le soir, Potosi fêtait ces 2 siècles de liberté à son tour. Défilés dans les rues. Nous ne sommes pas restées très longtemps : fatigue et froid (4080mètres je vous rappelle)

Le lendemain, nous avions deux choses que nous voulions faire : la casa de la moneda et le lac de Tarapaya. Pour faire les deux, il fallait se lever à 8h…. ce qui nous paraissait difficile. Du coup, nous avons sacrifié la casa de la moneda. Sans aucun doute un très beau musée, mais l’envie de nature était plus pressante. Nous avons donc pris un colectivo 20minutes, marché 20minutes de plus et hop nous voila à la laguna Tarapaya. Paysage lunaire ou martien, comme vous voulez.



Cette laguna est petite mais … parfaitement ronde. Et surtout, l’eau y est chaude. 30°C, c’est même plus rafraîchissant ! On la surnomme el ojo del Inca, car l’inca Huayna Capac, qui souffrait d’une maladie de la peau, y venait (de Cuzco) pour tenter de soulager son mal. Nous y avons fait trempette alors qu’un groupe de bolivien tournaient un vidéo-clip…



Le soir départ à 18h30 pour rentrer à Cocha…. Une nouvelle nuit dans le bus. Les conditions étaient bien meilleures mais je n’ai rien dormi… arrivée dans ma maison à 5h, j’ai du me lever à 8h pour aller au boulot (pour les mauvaises langues qui disent que je ne travaille pas…) d’où la longue attente pour cet article…

Ce we (là, qui vient de se finir), pas grand chose à vous raconter : Parapente saut numéro 2 le samedi matin (le moniteur m’a fait faire quelques acrobaties et ma laisser manœuvrer) et soirée d’anniversaire le soir pour les 25 ans de Daniel.
Le we prochain, il y a un voyage qui se prépare pour aller à La Paz, pour fêter des anniversaires et des départs. Je ne suis pas encore bien sûr d’y aller, car quand je fais mes comptes, c’est mon dernier we tranquille à cocha (je ne compte pas Noël)… Oui, parce que voilà le compte à rebours a commencé, je pars dans moins d’un mois de cocha. Il me reste un peu plus de 3 semaines ici. Et après, je pars pour trois semaines en Argentine et je rentre en France. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire